Délaissantla controverse idéologique sur le libéralisme, il fait droit à la complication des textes quand il sonde les questions de la démocratie et du totalitarisme à la lumière de La démocratie en Amérique, ou s’interroge sur les paradoxes de la révolution démocratique à partir de L’Ancien Régime et la Révolution. Préfaçant les Souvenirs, il peut aussi se
La deuxième partie de L'Ancien Régime et la Révolution, reconstituée d'après les manuscrits, aurait pu être intitulée "La Révolution". Tocqueville... Lire la suite 4,60 € Neuf Définitivement indisponible La deuxième partie de L'Ancien Régime et la Révolution, reconstituée d'après les manuscrits, aurait pu être intitulée "La Révolution". Tocqueville poursuit son analyse magistrale, dans leurs ramifications sociologiques, des grands mouvements et des événements historiques qui se succèdent, de la convocation des Etats Généraux jusqu'à Napoléon. "C'est l'histoire de la Révolution française", dit le grand sociologue lui-même. Pourtant Tocqueville situe le dynamisme révolutionnaire dans le monde européen. L'histoire administrative et économique est éclairée par l'interprétation comparée des institutions, des idées, des hommes et des classes, avec un art qui range cet ouvrage parmi les chefs-d'oeuvre de la littérature sociologique et historique. La méthode de travail de Tocqueville y apparaît dans une vive lumière, et André Jardin, dans sa préface, esquisse avec perspicacité la genèse des textes réunis pour la première fois dans ce volume, et les liens qui les unissent. Date de parution 01/08/1964 Editeur Collection ISBN 2-07-035055-X EAN 9782070350551 Format Poche Présentation Broché Poids Kg Dimensions 10,8 cm × 17,8 cm × 1,7 cm Extraitdu document: Alexis de Tocqueville fut juriste et penseur politique français. Aristocrate français né à Paris, en 1805, Alexis de Tocqueville est issu d'une famille ultra-royaliste partiellement décimée par la Terreur qui Carte mentaleÉlargissez votre recherche dans UniversalisUne société conservatrice et turbulenteIl y aura bien démocratie si l'on entend par là un système social où, sans sélection arbitraire, le plus grand nombre possible d'hommes vivent le mieux possible. Mais, dans cette démocratie, la liberté sera exclue sans que, pour autant, y règne une paix harmonieuse. Le goût de l'égalité est tel, en effet, que les satisfactions obtenues ne font qu'accroître l'envie à l'égard de ceux qui sont plus favorisés. D'où le paradoxe d'une société qui sera à la fois conservatrice et turbulente. Turbulente à cause de l'inévitable disparité des conditions, conservatrice parce que la majorité de ses membres estime avoir plus à perdre qu'à gagner à une raisonne en aristocrate, un aristocrate éclairé qui ne rejette pas 1789, mais qui y voit au contraire le plus haut moment de la Révolution parce que c'est celui où les Français, enfin libres, décidèrent de se gouverner selon la raison. Pourquoi un si noble propos fut-il contredit par les régimes établis par la suite ? Parce que la Révolution ne sut pas rompre avec la centralisation que lui léguait la monarchie. C'est le thème de L'Ancien Régime et la Révolution, œuvre inachevée dont seul le premier volume parut du vivant de l'auteur 1856. On y trouve le même souci que dans La Démocratie en Amérique comprendre les causes du déclin de la liberté. L'Ancien Régime l'a préparé par la centralisation qu'il imposa et la décadence de l'aristocratie qui en fut la conséquence. Ce double mouvement conduit au nivellement social qui offre les individus isolés, sans attaches dans des groupes partiels et sans traditions morales, en proie au despotisme. Ces réflexions furent exploitées par Taine dans les Origines de la France contemporaine, mais on ne rencontre pas chez Tocqueville la même acrimonie, car il pousse au plus haut degré l'art de comprendre ce qui lui répugne » J. Touchard. C'est sans doute à cette compréhension portée même à des mouvements d'idées qu'il redoute qu'il doit les intuitions fulgurantes auxquelles on accorde aujourd'hui un sens prophétique. On cite toujours sa vision d'un monde futur que se partageraient l'Amérique et la Russie. Cependant, non moins éclairantes sont ses vues prospectives sur l'importance que prendront les classes dans la dynamique sociale L'Ancien Régime et la Révolution, t. II, liv. III, chap. ier, sur les effets de la généralisation du salariat La Démocratie en Amérique, t. I, vol. II, sur l'avènement d'une société aussi conservatrice qu'animée de turbulence op. cit..Ce don prospectif est la récompense d'une lucidité dont témoignent les Souvenirs que Tocqueville, mort à Cannes, a laissés. La naissance de ce qu'il redoute, qu'il décrit dans son témoignage sur la Révolution de 1848, ne l'empêche pas de dépeindre sous des traits cruels l'effondrement de la monarchie de Juillet où eussent pu prendre corps ses espérances. Cette attitude nous instruit sur les possibilités des sciences humaines il ne suffit pas de voir les choses, car leur sens ne se révèle que grâce à la qualité de l'esprit de celui qui les appréhende. Jamais un fichier ne remplacera une 2 3 4 5 …pour nos abonnés, l’article se compose de 6 pagesÉcrit par professeur à la faculté de droit et des sciences économiques de ParisClassificationHistoireHistoriensHistoriens françaisHistoirePersonnages historiquesPersonnages historiques, xixe humaines et socialesPolitiquePolitologues, auteurs en sciences politiquesAuteurs en sciences politiques, xixe références TOCQUEVILLE ALEXIS DE 1805-1859 » est également traité dans DE LA DÉMOCRATIE EN AMÉRIQUE, Alexis de Tocqueville - Fiche de lectureÉcrit par Éric LETONTURIER • 1 132 mots • 1 médiaDe la démocratie en Amérique est le fruit d'un voyage que le tout jeune magistrat à Versailles, mis en position délicate par la révolution de 1830, en vertu de son appartenance à une famille légitimiste, entreprit, accompagné de son ami Gustave de Beaumont, en Amérique entre avril 1831 et mars 18 […] Lire la suiteANCIEN RÉGIMEÉcrit par Jean MEYER • 19 084 mots • 2 médias L'expression Ancien Régime », dont le caractère dénigrant ne peut faire de doute, a été popularisée par le célèbre livre d'Alexis de Tocqueville, paru en 1856, L'Ancien Régime et la Révolution. Elle a cependant été utilisée telle quelle dès la fin de 1789. Elle est issue du vocabulaire familier du xviii e siècle et, peut-être, de certaines locutions juridiques utilisées par les jurisconsultes d […] Lire la suiteCONSENSUSÉcrit par André AKOUN • 2 712 mots Dans le chapitre Consensus et démocratie » […] Dans la société démocratique moderne, le besoin d'un consensus est ressenti plus fortement que dans n'importe quel autre type d'organisation sociale, précisément parce qu'une telle société entretient un rapport paradoxal avec ce problème fondamental. Elle repose effectivement sur le principe de l'individualisme et la représentation qu'elle a d'elle-même est celle d'une association entre sujets or […] Lire la suiteCORPS INTERMÉDIAIRESÉcrit par Solange MARIN • 854 mots L'ancienne France était, depuis le Moyen Âge, composée de groupes d'individus appelés corps collèges, communautés, associations de gens ayant même métier ou même fonction dans la nation, et réunis à la fois pour la préservation de leurs intérêts particuliers et celle du bien commun. Ces corps existaient avec la permission du souverain et lui étaient subordonnés, bien que leur existence fût souve […] Lire la suiteDÉCADENCEÉcrit par Bernard VALADE • 9 959 mots Dans le chapitre Décadence et dégénérescence » […] Un même optimisme caractérise au xix e siècle le scientisme et le positivisme en France, en Allemagne le matérialisme mécaniste de Karl Vogt et Jakob Moleschott. D'un bout à l'autre du siècle, de Saint-Simon à Ernest Solvay, semblent s'affirmer la même confiance dans la science, la même foi dans le progrès. Les réflexions dolentes sur la décadence ne manquent pas cependant. Chateaubriand se lamen […] Lire la suiteDESPOTISME ÉCLAIRÉÉcrit par Jean-Jacques CHEVALLIER • 4 473 mots • 2 médias Dans le chapitre Le déclin de la formule » […] Le despotisme éclairé première manière, celle de Frédéric, fut une réussite en dépit de ses trompe-l'œil, de ses tares, de sa brutalité étatique. Celui de Joseph II et d'autres, plus humain, plus soucieux d'éducation, plus philanthropique » fut un échec. Pourquoi ? Pour cette raison, sinon unique du moins principale, que l'esprit du temps avait changé dans le courant de la seconde moitié du sièc […] Lire la suiteÉGALITÉÉcrit par Laurence HANSEN-LÖVE • 1 458 mots Dans le chapitre Égalité formelle, égalité fictive » […] Apparemment rigoureuse, cette approche est cependant assez ambiguë pour autoriser des lectures inconciliables. Suivant une interprétation libérale, l'égalité a trait essentiellement à la liberté, et celle-ci ne peut être garantie par l'État que formellement. Les hommes seront tous égaux en tant qu'ils sont libres, mais les pouvoirs publics ne peuvent promettre une égalité matérielle impliquant de […] Lire la suiteFAMILLE - SociologieÉcrit par Rémi LENOIR • 5 316 mots • 2 médias La famille est devenue en France une catégorie de l'action politique parce que se sont constitués un discours sur la famille et une théorie des structures familiales largement partagés dès la première moitié du xix e siècle aussi bien par Louis de Bonald et Joseph de Maistre d'un côté que par Charles Fourier et Pierre Joseph Proudhon de l'autre, et, dans la seconde moitié, par Frédéric Le Play et […] Lire la suiteGOBINEAU JOSEPH ARTHUR DE 1816-1882Écrit par Jean GAULMIER • 1 603 mots Dans le chapitre Un condottiere de plume sous la monarchie de Juillet » […] Joseph Arthur de Gobineau est né à Ville-d'Avray, dans une famille d'origine bordelaise dont il exagérera la noblesse, s'attribuant sans droit, à partir de 1853, le titre de comte. Son père, officier retenu par la guerre en Espagne de 1823 à 1828, ne pouvant surveiller son éducation, il fut élevé par sa mère. Celle-ci, aventurière romanesque, après des démêlés avec la justice, dut se réfugier en S […] Lire la suiteINDIVIDUALISMEÉcrit par Bernard VALADE • 1 214 mots Dans le chapitre Origine de l'individualisme » […] Hormis ce dernier aspect, qui concerne la méthodologie des sciences sociales, la question se pose de l'origine et du développement de cette doctrine, donc de l'avènement de l'individu et son affirmation en tant qu'incarnation de valeurs. La réponse est donnée dans un scénario historique qui, selon Louis Dumont Essais sur l'individualisme , 1983, situe l'émergence de l'individu à la fin du Moye […] Lire la suiteRecevez les offres exclusives Universalis Maispourquoi cette révolution, partout préparée, partout menaçante, a-t-elle éclaté en France plutôt qu'ailleurs ? Pourquoi a-t-elle eu chez nous certains caractères qui ne se sont plus retrouvés nulle part ou n'ont reparu qu'à moitié ?Tocqueville Ce vol dimanche 17 mai 2020 par Frédéric Richard tocqueville, centralisation, ancien régime, révolution française, parlements, offices, officiers, privilèges, monarchie absolue, contrôleur général, sudélégué, intendant, longue durée, sociologie, préfet, états-unis, canada, modernité, pierre rosanvallon, françois-xavier emmanuelli.
delectures Compléments Blog SNT : Fiche auteur Tocqueville (Alexis de) Dates: Pays: Courants: Période: 1805 / 1859: France: Libéralisme: Période contemporaine: Œuvres principales - De la démocratie en Amérique, 1835-1840 - L'ancien régime et la révolution, 1856: Éléments de bio: Citations: Idées
Ce livre n'est point une histoire de la Révolution. C'est une étude sur cette Révolution. Les Français ont fait en 1789 le plus grand effort auquel se soit jamais livré aucun peuple, afin de couper pour ainsi dire en deux leur destinée [...]. J'avais toujours pensé qu'ils avaient beaucoup moins réussi dans cette singulière entreprise qu'on ne l'avait cru au dehors et qu'ils ne l'avaient cru d'abord eux-mêmes. [...] De telle sorte que, pour bien comprendre et la Révolution et son œuvre, il fallait oublier un moment la France que nous voyons, et aller interroger dans son tombeau la France qui n'est plus. C'est ce que j'ai cherché à faire ici.»Alexis de revue et corrigée Retrouvezl'ebook L'Ancien Régime et la Révolution de Alexis De Tocqueville - Éditeur Collection XIX - Format E-Book multi-format - Librairie Decitre votre prochain livre est là Apparemment, javascript est désactivé sur votre navigateur.
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Auxyeux de Tocqueville, la démocratie américaine est une démocratie modérée et libre, c’est-à-dire une pure démocratie. Tandis que la démocratisation française, issue de l’ancien régime obéit à des principes autres que le principe démocratique. La monarchie fut un instrument de la démocratisation, mais un instrument pervers
Il y eut au XVIIIe siècle bien des révolutions libérales. Notamment l’américaine, dont Tocqueville 1805 – 1859 étudia d’une certaine manière les effets dans le désormais classique De la démocratie en Amérique qui est, plus largement, une lecture de la civilisation américaine. L’Ancien Régime et la Révolution, texte plus tardif du même Tocqueville, tente quant à lui de cerner les causes qui enfantèrent une autre révolution la française de 1789. La thèse que présente Tocqueville est que la Révolution française ne constitue pas une rupture dans l’histoire de France. Il y a pour lui une continuité entre l’avant et l’après. La Révolution n’est pas sortie de rien. L’Ancien Régime était fondé sur un terreau de liberté qui contenait ainsi les premiers germes de son effondrement. Pour Tocqueville, la Révolution ne fit qu’abolir les derniers privilèges féodaux pour compléter les libertés déjà acquises progressivement jusqu’au XVIIIe siècle. L’extrait présenté ci-dessous est tiré d’un des derniers chapitres du livre. Dans les pages précédentes, Tocqueville montra en quoi maintes libertés que l’on croit faussement être les fruits de la Révolution existaient déjà durant l’Ancien Régime. Après avoir minutieusement reconstitué ce paysage pré-révolutionnaire, il montre comment la Révolution en est sortie presque nécessairement. Le texte étudié ici compare deux notions dont on peut dire encore aujourd’hui qu’elles structurent grossièrement les camps du libéralisme et du socialisme, et qu’on assimile grossièrement également à la droite et à la gauche, au prix de quelques contre-sens. Ces notions, ce sont la liberté et l’égalité. Quelles sont leurs natures ? Sont-elles antinomiques ? Doit-on en privilégier une plutôt que l’autre ? Ces questions structurent encore le débat politique contemporain. C’est la dialectique entre ces deux passions » qui furent principalement le moteur de la Révolution. Pour Tocqueville, le crime fut de délaisser la liberté, ce que l’on fit après, et même pendant la Révolution. Cela n’eut pour résultat que d’ouvrir grand la voie à la tyrannie napoléonnienne. Si l’on suit l’auteur, il eut été possible d’éviter tant de sang, d’éviter la Révolution même pour peu que l’on ait gardé un bon équilibre entre la liberté et l’égalité. Tocqueville, L’Ancien Régime et la Révolution, Livre III, Chapitre VIII Comment la Révolution est sortie d’elle-même de ce qui précède », 1856 Ceux qui ont étudié attentivement, en lisant ce livre, la France au XVIIIe siècle, ont pu voir naître et se développer dans son sein deux passions principales, qui n’ont point été contemporaines et n’ont pas toujours tendu au même but. L’une, plus profonde et venant de plus loin, est la haine violente et inextinguible de l’inégalité. Celle-ci était née et s’était nourrie de la vue de cette inégalité même, et elle poussait depuis longtemps les Français, avec une force continue et irrésistible, à vouloir détruire jusque dans leurs fondements tout ce qui restait des institutions du moyen âge, et, le terrain vidé, à y bâtir une société où les hommes fussent aussi semblables et les conditions aussi égales que l’humanité le comporte. L’autre, plus récente et moins enracinée, les portait à vouloir vivre non seulement égaux, mais libres. Vers la fin de l’ancien régime ces deux passions sont aussi sincères et paraissent aussi vives l’une que l’autre. A l’entrée de la Révolution, elles se rencontrent ; elles se mêlent alors et se confondent un moment, s’échauffent l’une l’autre dans le contact, et enflamment enfin à la fois tout le coeur de la France. C’est 89, temps d’inexpérience sans doute, mais de générosité, d’enthousiasme, de virilité et de grandeur, temps d’immortelle mémoire, vers lequel se tourneront avec admiration et avec respect les regards des hommes, quand ceux qui l’ont vu et nous-mêmes auront disparu depuis longtemps. Alors les Français furent assez fiers de leur cause et d’eux-mêmes pour croire qu’ils pouvaient être égaux dans la liberté. Au milieu des institutions démocratiques ils placèrent donc partout des institutions libres. Non seulement ils réduisirent en poussière cette législation surannée qui divisait les hommes en castes, en corporations, en classes, et rendaient leurs droits plus inégaux encore que leurs conditions, mais ils brisèrent d’un seul coup ces autres lois, oeuvres plus récentes du pouvoir royal, qui avaient ôté à la nation la libre jouissance d’elle-même, et avaient placé à côté de chaque Français le gouvernement, pour être son précepteur, son tuteur, et, au besoin, son oppresseur. Avec le gouvernement absolu la centralisation tomba. Mais quand cette génération vigoureuse, qui avait commencé la Révolution, eut été détruite ou énervée, ainsi que cela arrive d’ordinaire à toute génération qui entame de telles entreprises ; lorsque, suivant le cours naturel des événements de cette espèce, l’amour de la liberté se fut découragé et alangui au milieu de l’anarchie et de la dictature populaire, et que la nation éperdue commença à chercher comme à tâtons son maître, le gouvernement absolu trouva pour renaître et se fonder des facilités prodigieuses, que découvrit sans peine le génie de celui qui allait être tout à la fois la continuateur de la Révolution et son destructeur. L’ancien régime avait contenu, en effet, tout un ensemble d’institutions de date moderne, qui, n’étant point hostiles à l’égalité, pouvaient facilement prendre place dans la société nouvelle, et qui pourtant offraient au despotisme des facilités singulières. On les rechercha au milieu des débris de toutes les autres et on les retrouva. Ces institutions avaient fait naître jadis des habitudes, des passions, des idées qui tendaient à tenir les hommes divisés et obéissants ; on raviva celle-ci et on s’en aida. On ressaisit la centralisation dans ses ruines et on la restaura ; et comme, en même temps qu’elle se relevait, tout ce qui avait pu autrefois la limiter restait détruit, des entrailles même d’une nation qui venait de renverser la royauté on vit sortir tout à coup un pouvoir plus étendu, plus détaillé, plus absolu que celui qui avait été exercé par aucun de nos rois. L’entreprise parut d’une témérité extraordinaire et son succès inouï, parce qu’on ne pensait qu’à ce qu’on voyait et qu’on oubliait ce qu’on avait vu. Le dominateur tomba, mais ce qu’il y avait de plus substantiel dans son oeuvre resta debout ; son gouvernement mort, son administration continua de vivre, et, toutes les fois qu’on a voulu depuis abattre le pouvoir absolu, on s’est borné à placer la tête de la Liberté sur un corps servile. À plusieurs reprises, depuis que la Révolution a commencé jusqu’à nos jours, on voit la passion de la liberté s’éteindre, puis renaître, puis s’éteindre encore, et puis encore renaître ; ainsi fera-t-elle longtemps, toujours inexpérimentée et mal réglée, facile à décourager, à effrayer et à vaincre, superficielle et passagère. Pendant ce même temps la passion pour l’égalité occupe toujours le fond des coeurs dont elle s’est emparée la première ; elle s’y retient aux sentiments qui nous sont les plus chers ; tandis que l’une change sans cesse d’aspect, diminue, grandit, se fortifie, se débilite suivant les événements, l’autre est toujours la même, toujours attachée au même but avec la même ardeur obstinée et souvent aveugle, prête à tout sacrifier à ceux qui lui permettent de se satisfaire, et à fournir au gouvernement qui veut la favoriser et la flatter les habitudes, les idées, les lois dont le despotisme a besoin pour régner. La révolution française ne sera que ténèbres pour ceux qui ne voudront regarder qu’elle ; c’est dans les temps qui la précèdent qu’il faut chercher la seule lumière qui puisse l’éclairer. Sans une vue nette de l’ancienne société, de ses lois, de ses vices, de ses préjugés, de ses misères, de sa grandeur, on ne comprendra jamais ce qu’ont fait les Français pendant le cours des soixante années qui ont suivi sa chute ; mais cette vue ne suffirait pas encore si l’on pénétrait jusqu’au naturel même de notre nation. Pour approfondir, ce produit disponible chez un libraire de proximité, éthique, responsable, durable et équitable
AprèsDe la Démocratie en Amérique, Tocqueville publiera La Révolution et l'Ancien Régime. Le rapprochement de ces deux ouvrages permet de dessiner une théorie tocquevillienne de l'Etat, de la Révolution et de la Nation. Mohammed Cherkaoui met en parallèle les deux grands textes dans lesquels Tocqueville esquisse sa théorie de la

L’Ancien Régime et la Révolution ne sont pas imperméables. Alexis de Tocqueville affirme dans L’Ancien Régime et la Révolution que la Révolution française n’a en réalité fondé un nouvel ordre social qu’en faisant parvenir à maturité ce que les temps antérieurs avaient préparé. Paradoxalement, elle s’apparentait pourtant à une révolution religieuse, reposant sur une conception abstraite de l’homme, indépendante du pays et de l’époque. L’esprit des Lumières selon Tzvetan Todorov La Révolution française était profondément originale. Tocqueville souligne que l’événement avait été absolument imprévisible, si bien que personne ne l’avait anticipé. Avec le recul, son caractère original échappe encore à beaucoup d’interprètes il ne s’agissait pas de changer simplement le gouvernement, mais la société tout entière en abolissant le féodalisme et l’Ancien Régime. Cette finalité permet de comprendre que la Révolution française n’a attaqué la religion qu’en tant qu’institution puissante de l’Ancien Régime, et non pas par irréligiosité. Pour Tocqueville, elle visait à refonder l’ordre social hors de toute transcendance et à régénérer la communauté par un véritable contrat social – cet aspect la différencie profondément des révolutions anglaise et américaine, lesquelles ont, elles, restauré l’inspiration religieuse du politique. La Révolution française n’était pas limitée à une patrie, elle transcendait les frontières ; elle se voulait messianique et universelle, à la manière des révolutions religieuses. Elle a, explique Tocqueville, inspiré le prosélytisme et fait naître la propagande. […] Elle est devenue une sorte de religion nouvelle, religion imparfaite il est vrai, sans Dieu, sans culte et sans autre vie, mais qui, néanmoins, comme l’islamisme, a inondé toute la terre de ses soldats, de ses apôtres et de ses martyrs » L’Ancien Régime et la Révolution. L’influence et l’implication des gens de lettres ont également contribué à la rendre si originale. La Révolution de France selon Edmund Burke L’Ancien Régime et la Révolution sont liés par la centralisation administrative L’Ancien Régime et la Révolution s’inscrivent dans une continuité historique. Alors que la Révolution française est toujours présentée comme une rupture profonde, Tocqueville met en lumière la grande continuité entre l’Ancien Régime et le XIXe siècle. De son point de vue, la table rase » n’est qu’une illusion, car la Révolution est sortie tout droit de la société qui l’a vu naître. À mesure que l’avançais dans l’étude [de l’Ancien Régime], écrit-il, je m’étonnais en revoyant à tous moments dans la France de ce temps beaucoup de traits qui frappent dans celle de nos jours. […] Il y a un grand nombre de lois et d’habitudes politiques de l’Ancien Régime qui disparaissent ainsi tout à coup en 1789 et qui se remontrent quelques années après, comme certains fleuves s’enfoncent dans la terre pour reparaître un peu plus loin, faisant voir les mêmes eaux à de nouveaux rivages » L’Ancien Régime et la Révolution. Si Tocqueville admet que la Révolution a bien détruit le féodalisme, il considère qu’il en aurait été de même sans elle, car elle s’inscrit dans le grand mouvement européen de destruction du féodalisme. Dans les faits, l’administration de l’Ancien Régime était déjà étendue et puissante, de telle sorte que l’individualisme s’était déjà aggravé sous un despotisme administratif. Pour Tocqueville, la Révolution, souvent caricaturée en anarchie, a au contraire donné naissance à une nouvelle forme de pouvoir sans commune mesure avec l’ancien. La démocratie en Amérique selon Tocqueville L’Ancien Régime et la Révolution tendaient vers la centralisation du pouvoir. En se fondant sur les nombreuses archives qu’il a consultées, Tocqueville affirme que le pouvoir royal se substituait déjà, depuis près de trois siècles, à toutes les instances féodales et locales. En effet, un système centralisé et étroitement hiérarchisé de pouvoirs administratifs avait été patiemment mis en place. La centralisation administrative, avance le philosophe, est une institution de l’Ancien Régime, et non pas l’œuvre de la Révolution ni de l’Empire, comme on l’a dit » L’Ancien Régime et la Révolution. Le roi avait notamment créé des tribunaux exceptionnels afin d’empêcher que l’indépendance de la justice ne soit un facteur de déstabilisation de son pouvoir, ainsi qu’une véritable classe d’administrateurs de l’État central monarchique. Tocqueville détaille la pyramide hiérarchique de l’Ancien Régime elle comportait à son sommet le Conseil du roi » ancêtre du Conseil d’État ; puis les intendants » ancêtres des préfets dans les grandes circonscriptions ; les subdélégués » sous-préfets dans les arrondissements ; et enfin les syndics » au niveau de la commune. Tout le pouvoir avait été centralisé à Paris, où l’administration s’était emparée petit à petit de toutes les affaires perception des impôts, recrutement de la milice, travaux publics, maintien de l’ordre, secours social, et mêmes innovations industrielles et initiatives économiques. Tocqueville en conclut que la centralisation a en réalité constitué la première étape de la Révolution. La genèse de l’État selon Norbert Élias

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